Les centres d'instruction et de formation des pilotes de chasse militaires sont des écoles de pilotes de chasse de l'Armée de l'Air française.
Les débuts de l'instruction
Les pilotes de chasse sont des aviateurs spécialisés dans la recherche et dans la destruction d'avions ennemis, en cas de conflit. À cet effet, ils opèrent au moyen d'avions de chasse.
Cette fonction apparaît en 1916, lors de la bataille de Verdun (1916). Les forces françaises sont alors contraintes de protéger leurs avions, jusqu'alors principalement dédiés à la fonction d'observation, fortement attaqués par les chasseurs allemands. L'aviation de chasse naît ainsi. La création d'unités de chasse entraîne rapidement la nécessité d'une formation ad hoc des pilotes qui leur sont affectés. Ces pilotes agissent aux côtés des navigateurs, des pilotes de transport militaire ou encore, des pilotes d'hélicoptères. À l'issue de la formation de base comme aviateur ou pilote, leur rôle spécifique nécessite une formation adaptée : celle précisément dispensée dans une École ou un Centre d'Instruction de chasse.
De 1908, date du premier brevet civil d'aviateur (brevet de pilote civil), jusqu'à nos jours, il a fallu former spécialement les pilotes de chasse de l'Armée de l'Air à leurs fonctions.
Rapidement, dès le premier conflit mondial, des spécialités de pilotage militaires apparaissent. La chasse naît avec les premiers temps du conflit. Il faut donc former des pilotes de chasse.
Les premiers pilotes militaires sont issus soit du Génie, l'arme à laquelle est confiée le matériel volant (ballons, aérostats et aéronefs), soit de la cavalerie. En effet, les aptitudes développées par la pratique sportive et militaire de l'équitation sont perçues comme similaires à celles requises pour le pilotage d'avions. Ils passent le brevet de pilote civil, organisé par l'Aéroclub de France, puis le brevet de pilote militaire, qui comporte traditionnellement trois épreuves.
L'instruction s'adapte et des cursus militaires apparaissent : pilotage élémentaire (brevet de base), formation militaire, formation de pilote de chasse, perfectionnement. Ces différentes étapes s'opèrent sur des avions différents, et sont confiées à des bases aériennes différentes.
Les officiers pilotes de l'École de l'Air, basée à Versailles sont alors formés dans deux écoles de pilotage (EP), à Saint-Cyr-l'École (EP 101) et à Orly (EP 102).
Les autres pilotes sont instruits successivement à trois niveaux :
Puis, leur formation s'achevait en centre d'instruction :
À la fin des années trente sont donc créés deux centres de formation à la chasse militaire : celui de Montpellier et celui de la Base aérienne 122 Chartres-Champhol, le Centre d'Instruction de la Chasse (CIC). Les difficultés de la formation des pilotes de chasse sont alors accablantes.
L'Armée de l'Air décidera alors de déplacer les écoles de formation au pilotage, et à la chasse, vers les terrains d'Afrique, notamment, des territoires français d'Algérie française, du Maroc et de la Tunisie. Puis la migration s'opérera sous la forme de partenariat avec les États-Unis, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, avant la réinstallation des écoles en France.
En 1943 se crée à Meknès une école de pilotes de chasse. De 1961 à 2020, elle est stationnée sur la Base aérienne 705 Tours pour former l'École de l'Aviation de Chasse 314 "Christian Martell".
Les élèves pilotes de chasse de l'aéronavale débutent à Lanvéoc-Poulmic.
École de l'Aviation de Chasse (EAC 00.314) sur la Base aérienne 705 Tours
L'École de l'Aviation de Chasse 314 "Christian Martell" était stationnée sur la base aérienne 705 Tours de 1961 à 2020, année du transfert de l’École de l'Aviation de Chasse sur la Base aérienne 709 de Cognac.
Petit retour en arrière
Le 6 mars 1961, l’École d'Aviation de Chasse Christian Martell, en provenance de Meknès, s'installe sur la base de Tours, qui devient la Base aérienne 705. Elle sera commandée de 1963 à 1966 par le Colonel Jean Godde qui lui donnera le nom de Jean Tulasne en 1964. Elle utilise des Dassault Ouragan et des T-33.
L’École des pilotes de chasse de la Marine en Algérie est aussi dissoute, et les pilotes de l'Aéronavale se retrouvent également à Tours avec un petit détachement de techniciens de la Marine Nationale française, qui se retrouvent incorporés au sein des services techniques de la base de l'Armée de l'Air de Tours. Les pilotes de la Marine, élèves, moniteurs pilotes plus les quelques techniciens (mécaniciens, électriciens et électroniciens d'avions avec deux personnes de spécialité administrative) forment la section Marine école de Tours, unité de marine en détachement de 50 personnes environ (suivant les promotions et les années) jusqu'à sa dissolution en 1995. Dépendant administrativement de la Base de Landivisiau, elle est rattachée au colonel commandant la BA 705 et commandée par un chef de détachement, le plus souvent un moniteur pilote Marine au grade de capitaine de corvette ou de frégate. Les techniciens sont tous volontaires pour 4 ans sur la base et sont successivement formés pour la spécialisation des avions de la base sur les T-33, Mystère IV et Alphajet, et durant près de trente ans les techniciens qui sont affectés dans cette unité marine travaillent conjointement avec ceux des services techniques (GERMAS 15/314) de l'Armée de l'Air.
Le 19 août 1974, le Commandement des écoles de l'Armée de l'Air prend possession de ses locaux sur la base de Tours.
En 1979, l'école de chasse reçoit son premier Alphajet.
Le 19 novembre 1981, l'école de chasse est entièrement équipée d'Alphajet et abandonne les T-33.
Le 1er août 1994, l'école de chasse prend le nom d’École d'Aviation de Chasse (EAC).
En 1995, à la suite de l'abandon du programme de l'Alphajet navalisé qui devait remplacer les Fouga Zéphir, la France choisit la solution de former les pilotes marine à la Naval Air Station Meridian aux États-Unis ; la section Marine école est alors dissoute.
Départ (ou transfert) de l'école
Le départ de l’École de chasse pour la Base aérienne 709 Cognac-Châteaubernard est annoncé en 2013 et confirmé en avril 2016. Ceci est directement lié à la fin de vie des Alphajet alors prévu à l'époque vers 2015.
En décembre 2016, dix-sept avions d'entraînement avancé Pilatus PC-21 ont été commandés pour remplacer les Alpha Jet de Tours. Les premières livraisons sont intervenues dès mi-2017 et compte également des simulateurs. Ils sont stationnés depuis sur la Base aérienne 709 de Cognac et remplacent en juillet 2019 les Epsilon de l’École de Pilotage de l’Armée de l’Air de Cognac et les Alphajet de l’École d’Aviation de Chasse de Tours et servent à la formation sur une année, d'environ 30 élèves pilotes de l'Armée de l'Air, 10 navigateurs officiers système d'armes, 10 élèves pilotes de la Marine Nationale, et 10 élèves moniteurs simulateur.
Le transfert à Cognac de l'École de chasse est effectif au printemps 2020. Ses Alphajet font leur dernier vol le 5 juin 2020. L'École de l'Aviation de Chasse 314 Christian Martell est fermée définitivement après ce transfert et devient l’École de l'Aviation de Chasse 315 Christian Martell, responsable de la formation des pilotes de chasse et des navigateurs officiers systèmes d'armes (NOSA).
École de l'Aviation de Chasse (EAC 00.315) sur la Base aérienne 709 Cognac
Petit retour en arrière
Suite à des bombardements durant la Seconde Guerre Mondiale, la reconstruction de la base de Cognac est entreprise dès la Libération. En 1945 se créée la base école 705 (BE 705).
À la suite du départ de l'école pour le Maroc, la base se transforme en 1950 en Base BA 135.
Le 12 février 1961, la base accueille de nouveau une École de Pilotage Elémentaire provenant de Marrakech et devient la BA 709. Le 1er octobre 1965, l'école de pilotage élémentaire prend l'appellation de Groupement École 315 (GE 315), conservée jusqu'à la création de l’École de Pilotage de l'Armée de l'Air 315 (EPAA 00.315), le 1er août 1994.
En 2006, l'Armée de l'Air externalise la maintenance de ses avions-école qu'elle confie à l'entreprise EADS. Cette dernière crée à cette occasion une filiale locale nommée CASSIDIAN AVIATION TRAINING SERVICES (anciennement ECATS). En plus des Epsilon basés sur la BA 709, EADS intègre de nouveaux moyens pour la formation des pilotes : les avions Grob G 120A et les simulateurs FNPT2.
Et maintenant
Le lancement des travaux d'infrastructures liés au programme FOMEDEC (Formation modernisée et entraînement différencié des équipages de chasse) est marqué par une cérémonie symbolique organisée le 12 février 2018 par l'Armée de l'Air. Le bâtiment abrite notamment les cinq simulateurs de Pilatus PC-21. Les premiers moniteurs sont formés en 2018 et les premiers stagiaires ont commencé leur formation en mai 2019.
En décembre 2016, dix-sept avions d'entraînement avancé Pilatus PC-21 ont été commandés pour remplacer les Alpha Jet de Tours. Les premières livraisons ont eu lieu entre le 30 août 2018 et janvier/février 2018 et compte également cinq simulateurs. Ils sont stationnés sur la Base Aérienne 709 de Cognac et servent à la formation sur une année, environ trente élèves pilotes de l'Armée de l'Air, dix navigateurs officiers système d'armes, dix élèves pilotes de la Marine Nationale, et dix élèves moniteurs simulateur.
FOMEDEC, puis MENTOR
Après le programme FOMEDEC arrive le programme MENTOR.
L'Armée de l'Air prend modèle sur la force aérienne suisse qui passe du PC-21 au F-18 pour la formation de ses pilotes.
Sortie donc pour la 8ème Escadre de Chasse (EC) de Cazaux et de ses Alphajet (après l'EAC 314 de Tours qui a fermé ses portes en 2018).
Création a Cognac d'un Escadron d'Instruction en Vol (EIV) supplémentaire et commande de 8 PC 21 pour un parc total de 25 appareils (contre 17 actuellement).
L'Armée de l'Air récupérera des Alpha Jet et leurs pièces pour la Patrouille de France ;
la PAF changerait d'avion qu'après 2030.
Le programme MENTOR prend également en compte le remplacement des Cirrus de la Base Aérienne 701 de Salon-de-Provence par un appareil plus moderne et mieux adapté au nouveau cursus.
Il ne restera donc que deux bases pour la formation des futurs pilotes de chasse... Salon-de-Provence puis Cognac.
Le programme MENTOR a été validé et l'appel d'offres a été lancé pour 8 PC-21 et 1 simulateur supplémentaires.
La formation chasse reposera sur un parc de 25 PC-21, tous basés sur la BA 709 de Cognac.
Donc fin prochaine des Alpha Jet des ETO 1/8 et 2/8 pour la formation à Cazaux.
Pour la formation, il ne restera apparemment que l'ETO 02/8 Nice avec une quinzaine d'Alpha Jet modernisés, seulement pour quelques années.
Dossier sur le cursus de formation Chasse à suivre de près...
Le 15 septembre 2020, l'EPAA 00.315 est devenu l'EAC 00.315 avec les traditions suivantes :
- EIV 2/12 Picardie sur Grob 120 (Escadron d'Instruction en Vol / phase tronc commun)
- EIV 1/13 Artois sur PC-21 (Escadron d'Instruction en Vol / phase Basic)
- EIV 3/4 Limousin sur PC-21 (Escadron d'Instruction en Vol / phase Advanced)..., peut être EIV 4/7 Limousin à voir prochainement.
- EIV 3/13 Auvergne sur PC-21 (Escadron d'Instruction en Vol / phase Rated)
- ESE 1/11 Roussillon (Escadron de Standardisation et d’Évaluation)
- EIS 4/11 Jura (Escadron d'Instruction au Sol)
Le nouvel insigne de l'EAC reprend l'insigne de l'EAC 314, qui est aussi l'insigne de l'actuelle BA 705 de Tours - Cinq mars la pile, mais la couleur passe du vert au bleu... couleur du Pilatus
PC-21 de l'Armée de l'Air.
A noter l'arrivée de 9 PC 21 supplémentaire d'ici fin 2022 (pour un parc total de 26 appareils),
et la construction d'un nouveau bâtiment, ainsi que l'acquisition d'un nouveau simulateur FMS (3 au total) et un nouvel aménagement des parkings.
En 2024, Salon-de-Provence devrait avoir un nouvel appareil turbopropulseur destiné à remplacer les Cirrus et les Grob 120.
A partir de 2025, le tronc commun se fera uniquement sur la base de Salon-de-Provence avec ce nouvel appareil, retrait donc prévu des Cirrus et des Grob 120.
Dès 2025, 2 bases aériennes uniques destinées pour la formation des pilotes de chasse :
- BA 701 Salon-de-Provence : phase tronc commun chasse et transport sur un nouvel appareil turbopropulseur (actuellement à l'étude)
- BA 709 Cognac-Châteaubernard : cursus chasse sur PC-21 (phases Basic, Advanced et Rated)
Infos ici :
L'Armée de l'Air veut former ses pilotes de chasse plus vite pour deux fois moins cher