Les étapes de la formation d'un pilote de chasse
Élève-Officier du Personnel Navigant (EOPN) est un statut du personnel de l'Armée de l'Air française. Le terme désigne également un grade ainsi que, par extension, la filière de recrutement de ces élèves-officiers destinés aux activités aériennes militaires.
La filière EOPN
Il s'agit de l'une des deux filières de recrutement du personnel navigant militaire de l'Armée de l'Air, aux côtés de celle de l’École de l'Air. Elle procure l'essentiel des personnels.
La formation correspondante de la marine est Élève-Officier Pilote de l'Aéronautique Navale (EOPAN) et celle de l'Aviation Légère de l'Armée de Terre (ALAT) est officier sous contrat-pilote.
La filière de recrutement Élève-Officier du Personnel Navigant (souvent désignée sous est ouverte aux candidats âgés de plus de 17 ans et moins de 27 ans (depuis ), hommes comme femmes, et de nationalité française. Une dérogation du sera nécessaire pour les candidats qui auront 27 ans au moment de la signature du contrat à Salon-de-Provence.
La différence majeure entre les officiers issus du concours (ou d'une admission sur titre) de l'École de l'Air (les "directs") et les officiers issus de la filière EOPN réside dans leurs perspectives de carrière. Les EOPN sont soit des officiers sous contrat (OSC, engagés pour 20 ans au plus), soit des officiers de réserve en situation d'activité (ORSA, qui ne peuvent eux non plus être en situation d’activité plus de dix ans). En ce sens ils sont spécialisés en pilotage ou navigation et n'auront pas la possibilité de tenir des postes de commandement.
De ce fait l'évolution des grades se fait beaucoup plus lentement.
La particularité ou l'avantage que propose la filière EOPN est d'ouvrir la sélection à partir du baccalauréat de l'enseignement général ou technologique, alors que le concours de l'École de l’Air est accessible après une formation de deux années en classe préparatoire ou par admission sur titre. La sélection est toutefois moins sévère. La filière EOPN n'étant pas un concours universitaire, la sélection détermine si le candidat possède les réflexes et les aptitudes physiques d'un futur navigant et s'il présente de fortes chances de réussir le parcours de formation au vol.
Il existe deux types de personnel navigant :
La sélection est dite au sol et se déroule au Centre de Sélection Spécifique Air (CSSA) de la Base Aérienne 705 de Tours.
Les dossiers des candidats qui réussissent la sélection initiale sont transmis à une commission d'examen, qui se tient deux fois chaque année. Un candidat recevant un avis "très défavorable" aux entretiens n'est pas retenu.
Pour chaque spécialité (pilote et NOSA), la commission établit deux listes de candidats : une liste principale et une liste complémentaire. Un candidat complémentaire apte vient prendre la place d'un candidat principal déclaré inapte au Centre d'Expertise Médicale du Personnel Navigant. Les personnes qui ne sont pas retenues dans l'une de ces deux listes sont éliminées définitivement de la sélection.
L'élève rejoint ensuite la Base Aérienne 701 "Général Pineau" de Salon-de-Provence, où débute la formation. Au fur et à mesure de son cursus et en fonction de son dossier, l'élève sélectionne comme candidat pilote est orienté soit vers le transport (Avord), soit vers la chasse (Cognac), soit vers le pilotage d'hélicoptère. L'élève retenu NOSA est orienté vers la chasse.
La sélection
L'accès à la sélection se fait après avoir déposé un dossier de candidature dans un Centre d'Information et de Recrutement des Forces Armées (CIRFA).
1er jour
Éliminatoire si moyenne <12 pour l'option pilote et <15 pour l'option NOSA (il est possible de cumuler les deux).
2ème jour
3ème jour
4ème jour
Les entretiens. Le premier se déroule avec un psychologue militaire du CERP'AIR (Centre d’Études et de Recherches Psychologiques Air), le second avec deux officiers du personnel navigant (pilote ou navigateur).
Formation Militaire Initiale (FMI)
D'une durée de cinq semaines, elle se déroule au sein de l'Escadrille de Formation Cursus Court (EFCC). Encadrés par des instructeurs issus des unités de fusiliers et de commandos de l'air, les élèves y font l'apprentissage des notions militaires élémentaires : la discipline, la connaissance de l'organisation de l'Armée de l'Air, le tir au FAMAS, les actes et réflexes du combattant, par exemples.
Elle se termine par la présentation au drapeau de la promotion, passage traditionnel marquant l'entrée des élèves dans l'Armée de l'Air française.
Formation Militaire Générale de l'Officier
Les élèves approfondissent les connaissances acquises durant la FMI, et suivent de plus un stage d'initiation au commandement, un stage d'apprentissage des techniques élémentaires de survie, ainsi que du Secours Au Combat (SAC). Ils suivent également des cours académiques afin d'étendre leurs connaissances générales : capacité d'entraînement (leadership), communication, politique de défense, Histoire de l'aviation. L'instruction au tir est effectuée avec le PAMAS G1, l'arme de poing du personnel navigant.
Avant de commencer leur formation aéronautique, les élèves suivent des cours d'anglais donné par du personnel civil de la Défense en vue de valider le TOEIC. Le score minimal exigé d'un officier est de 850 points (PLS 33/33).
Airline Transport Pilot Licence (ATPL)
Dans le but de satisfaire à la réglementation européenne de l'Agence européenne de la sécurité aérienne, les élèves intègrent ensuite l'Escadron d'Instruction au Sol du Personnel Navigant (EISPN) où ils suivent 6 mois de cours de préparation au passage de l'ATPL. Quatorze matières y sont enseignées : droit aérien, cellule circuit moteur, systèmes de bord, masse et centrage, performances, préparation et suivi du vol, facteurs humains, météorologie, navigation, radio navigation, procédures opérationnelles, mécanique du vol, communication VFR (Visual Flight Rules), communication IFR (Instrument flight rules).
Cette étape marque le début de la formation aéronautique.
Formation Aérienne Militaire Initiale
Inscrite dans la formation des EOPN depuis 2007, elle consiste en une première approche au pilotage militaire sur Cirrus SR20 pour les futurs pilotes au sein des différents Escadrons d'Instruction en Vol (EIV). Cette formation dure en principe trois mois, le lâcher de l'élève pilote intervenant à l'issue du dixième vol. Pour sa part, l'élève navigateur, intègre l'Escadron de Formation des Navigateurs de Combat 1/93 Aunis (EFNC) où se déroulera le tronc commun de son cursus. La formation est effectuée sur Cirrus SR22 et dure en principe six mois.
À l'issue de cette phase, les élèves pilotes se rendent à Cognac à l’École d'Aviation de Chasse 00.315 ; les élèves NOSA intègrent l'École de l'Aviation de Chasse 00.315 pour obtenir le brevet de NOSA de combat.
La période intérimaire pendant laquelle la formation initiale des navigants de l’Armée de l’Air s’effectuait sur les TB-10 est maintenant achevée : avec la mise en service de 20 Cirrus SR-20 et SR-22, le CFAMI de Salon-de-Provence entame une phase appelée à durer longtemps. Pour ce qui est des directs, à savoir les élèves-officiers ayant réussi le concours de l’École de l’Air, la formation à Salon dure quatre années.
Au cours de ces quatre années la formation aéronautique spécifique des navigants comporte une phase d’apprentissage du vol-à-voile, avec les planeurs Marianne et Pégase du CFAMI. Ensuite, la phase 1 comporte la formation au pilotage élémentaire, sur SR-20.
Les deux EIV (Escadron d’Instruction en Vol) de Salon-de-Provence sont en charge de cette formation au pilotage. La phase 1 se prolonge sur les trois années de l’École de l’Air (aboutissant par ailleurs à l’obtention du titre d’Ingénieur de l’Air) : les aiglons volent environ 6 à 80 heures durant cet apprentissage initial.
A l’issue de ces trois ans, certains élèves-pilotes sont sélectionnés pour la filière hélicoptères, et vont poursuivre leur formation à Hélidax. La plupart demeurent à Salon-de-Provence pour suivre les cours ATPL (Air Transport Pilote Licence), un pré-requis pour poursuivre leur cursus de pilote professionnel d’avion militaire, à l’identique des pilotes civils. La formation ATPL est purement théorique et s’étale sur plus de 6 mois ; cette licence est délivrée par la DGAC. Les EOPN (Elève-Officier du Personnel Navigant) rejoignent également Salon-de-Provence pour cette formation ATPL.
A l’issue de ce cursus, l’ensemble des élèves-pilotes quittent Salon-de-Provence pour la Base Aérienne 709 de Cognac-Châteaubernard : c’est la phase 2 de la formation. Celle-ci se déroule au sein d’un des deux EIV de l’École de Pilotage de l’Armée de l’Air (EPAA 315), soit le 1/13 Artois, soit le 2/12 Picardie, soit le 3/4 Limousin ou le 3/13 Auvergne. La phase 2 débute par le tronc commun (phase 2a), qui est concentré sur à peu près six mois et comporte plus de 60 missions, y compris en simulateur de vol.
Ces missions sont réparties en 6 unités de valeur : general handling, navigation, basic aerobatics, basic instruments flying, night flying, basic formation flying. C’est le domaine du Grob 120, avion capable de presque toutes les figures classiques de voltige. La progression est rapide et, bien sûr, chaque mission (vol et simulateur) est notée. A l’issue de cette phase de tronc commun, les élèves-pilotes sont orientés selon leurs aptitudes (moyenne générale obtenue, note moyenne dans chaque UV) vers une pré-spécialisation chasse ou transport. Certains élèves s’orientent vers la spécialité navigateur-officier-système d’armes (NOSA).
Les pré-spécialisations des pilotes constituent les phases 2b et se déroulent toujours à Cognac, sur une durée de 4 mois environ. Les élèves-pilotes sélectionnés pour la pré-spé chasse auront l’avantage de voler sur PC-21, les spé-transport continuent leur formation sur Grob.
Au terme d’une phase "charentaise" d’environ une année, les pilotes des deux spécialités vont rejoindre les écoles de pilote de chasse et de transport, respectivement situées sur les bases de Cognac et d’Avord, comme chacun sait. Il y ont rendez-vous avec la phase 3 de leur formation, dite de spécialisation. Pour ceux qui sont issus de l’École de l’Air, presque 5 années de formation se seront écoulées.
(Formation Modernisée des Équipages de Chasse)
Phase 1 – INCHANGÉE - BA 701 de Salon-de-Provence : Formation générale des officiers (FMGO) de l’air sur la Base aérienne (BA) 701 de Salon-de-Provence, et premier vol sur Cirrus SR 20
Phase 2 et 3 – MUTUALISATION DE LA FORMATION - sur la BA 709 de Cognac-Châteaubernard : les futurs pilotes de chasse se forment sur Pilatus PC-21.
Ce nouveau système de formation permet la progression par les heures de vols et par l’apprentissage : les élèves sont plus rapidement sensibilisés aux systèmes et missions qui les attendent, aux conflits actuels et à un environnement chasse.
Phase 4 – INCHANGÉE - BA 120 de Cazaux : à l’École de Transition Opérationnelle (ETO), les futurs pilotes sont formés aux notions de combat aérien et affecté par la suite sur Dassault Rafale ou Mirage 2000 pour leurs futurs affectations en escadron.
Source : www.flyingecho.fr