L'Aérospatiale-Potez-Fouga CM170 Magister est un avion à réaction subsonique conçu en France au début des années 1950, et initialement destiné à l'entraînement des pilotes militaires. Utilisé de 1956 à 1996, le Fouga fut pendant 40 ans l'avion d'entraînement de base et avancé de l'Armée de l'Air. Reconnaissable à son empennage arrière en V dit papillon, il a été fabriqué à un millier d'exemplaires et utilisé par une vingtaine de pays. De nombreux exemplaires sont toujours en service au début du XXIe siècle.
Grâce à ses capacités, le Fouga Magister a été adopté comme avion de voltige de plusieurs patrouilles acrobatiques, dont la Patrouille de France qui l'a utilisé pendant 16 ans, de 1964 au . Progressivement remplacé à partir de 1984, le Fouga fut définitivement retiré du service en 1996.
Le nombre d'appareils construits avoisine les 1009 exemplaires et la plupart sont collectionnés. Une centaine d'entre eux se trouve aux Etats-Unis. Il n'est plus en service actif aujourd'hui, mais 3 Magister libanais, qui ont peu volé, ont peut-être été remis en service.
Historique
Le Fouga Magister a été conçu au début des années 1950 dans les Établissements Fouga et Cie, fondés par l'industriel Gaston Fouga, mort en 1944. Cet avion était une réponse à une demande de l'Armée de l'Air française. Deux prototypes furent réalisés : le premier avec l'empennage en V et le second avec un empennage classique. Malgré le crash du prototype en V, cette formule aérodynamique fut retenue pour les exemplaires de série, car en cas de problème grave, elle permettait au pilote de pouvoir s'échapper de l'appareil en sautant directement de la cabine, sans risque d'être touché par les dérives. Elle permettait également de ne pas perturber l'écoulement des gaz produits par les moteurs.
Le Fouga Magister CM-170R a effectué son premier vol à Mont-de-Marsan, le , aux mains du pilote Léon Bourrieau qui a mis au point tous les prototypes des établissements Fouga.
La production démarra en 1953, l'Armée de l'Air ayant commandé 5 avions de présérie et 95 de série le 23 septembre de cette année. Elle en perçoit le premier le 20 mars 1956 et son dernier exemplaire le 19 janvier 1970.
En 1954, le Fouga Magister est retenu par l'OTAN comme avion à réaction d'entraînement de base. Les commandes affluent alors de plusieurs pays, et une production sous licence est lancée en Allemagne de l'Ouest, en Israël et en Finlande. Au total, 929 exemplaires seront construits dans ces quatre pays, dont certains sont toujours en service cinquante ans plus tard.
Une version modifiée pour l'Aéronavale française a été développée à partir de 1954 : le Fouga CM-175 Zéphyr, qui fit son premier vol le . Elle est équipée d'une crosse d'appontage, d'une verrière coulissante et d'un train d'atterrissage renforcé, afin d'entraîner les pilotes de l'Aéronavale à l'atterrissage et au décollage depuis un porte-avions.
À la fin des années 1970, une version améliorée, désignée Fouga 90 fut proposée. Elle disposait d'un poste de pilotage largement modifié, de sièges éjectables et de réacteurs plus puissants (des Turbomeca Astafan IIG de 690 kgp dans un premier temps, mais des Astafan IVG de 775 kgp étaient également envisagés). Le prototype fit son premier vol le , mais aucune commande ne fut enregistrée et l'avion ne fut jamais construit en série.
Carrière et exploitation
En France, le Fouga Magister fut mis en service en 1956 et les livraisons se poursuivirent jusqu'en 1970. L'avion était utilisé pour l'entraînement, mais aussi comme avion de liaison. Progressivement remplacé à partir de 1984, le Fouga fut définitivement retiré du service en 1996. De son côté, la Marine Nationale française avait reçu 28 Zéphyr entre et , et réforma les derniers exemplaires en 1994.
En Allemagne de l'Ouest, le Fouga Magister fut construit sous licence par Flugzeug-Union-Süd (fusion des constructeurs Messerschmitt et Heinkel). Les 22 premiers exemplaires furent assemblés à partir de pièces fournies par Potez, les autres intégralement construits sur place. Les livraisons à l'armée de l'air allemande se firent de 1958 à 1961.
En Finlande, la firme Valmet construisit aussi le CM-170 sous licence.
La Belgique reçut 45 Fouga Magister entre et , dont une partie fut initialement basée au Congo belge, sur la base de Kamina. Ils furent utilisés pour l'entraînement jusqu'à l'arrivée de l'Alpha Jet, au début des années 1980. Une partie des avions furent alors vendus d'occasion, seuls une vingtaine étant conservée pour des missions de liaison et pour permettre aux pilotes en état-major de faire leur quota annuel d'heures de vol. En 2006, il ne restait cependant plus que 6 Fouga en état de vol et l'avion fut finalement officiellement retiré du service en janvier 2017. Le Katanga rebelle acquit un temps 3 exemplaires.
En Israël, le Fouga Magister était désigné Tzukit. 80 exemplaires furent construits localement, dont une quinzaine à partir de pièces fournies par Potez. Les livraisons commencèrent en 1960. En 1967, juste avant la guerre des Six Jours, les avions furent armés et équipés de sièges éjectables. Ils reprirent ensuite leur mission initiale d'entraînement. Au début des années 1980, des signes de fatigue de la structure furent détectés, et un programme de révision et de modernisation dut être lancé. Confié à Israël Aircraft Industries, il se déroula de 1983 à 1986.
Engagements au combat
La Belgique a engagé ses Fouga Magister durant l'été 1960, pour des missions d'appui et d'attaque lors de la crise congolaise, au moment de l'indépendance du Congo, depuis la base de Kamina au Katanga.
L'armée katangaise a engagé un Fouga Magister lors de l’indépendance congolaise pour frapper les positions de l'ONU, dont plusieurs avions.
Israël a engagé en 1967 ses Fouga Magister pour des missions d'attaque pendant la guerre des Six Jours. Sept avions ont été perdus pendant ce conflit.
Pendant la Guerre des Sables en 1963, le Maroc a engagé ses Fouga Magister dans des missions d'attaque contre l'armée algérienne.
Caractéristiques / Performances & armement
Type : avion d'entraînement et d'attaque au sol
Reconnaissable par le périscope en T et des verrières relevables.
Dimensions
Masses
Motorisation
2 turboréacteurs sans postcombustion Turbomeca Marboré II ou VI de 400 kg ou 480 kg de poussée unitaire.
Équipage
2 places en tandem, 1 élève et 1 instructeur
Performance
Armement
Interne : 2 mitrailleuses MAC 52 de 7,5 mm ou AA NF1 7,62 mm logées dans le nez
Externe : 140 kg de bombes ou roquettes sur 2 points d'attache (lance-bombes/roquettes)
Type d'installation non utilisée par l'aviation française.