Appelées au tout début "champs d'aviation", les Bases Aériennes (BA) françaises existent depuis le début du XXème siècle. Dénommées ainsi depuis la création officielle de l'Armée de l'Air en 1934, en expansion jusqu'aux années 1950, elles connaissent depuis une politique drastique de réduction, en nombre comme en moyens.
Le réseau national des bases aériennes abrite, soit différents types d'avions et d'autres engins aériens (hélicoptères, drones, etc.) en métropole ou dans les territoires d'outre mer, et sont complétées par les porte-avions ou porte-hélicoptères, soit réunit des services spécialisés dans l'usage et dans la gestion de ces moyens.
Elles dérogent à certains aspects de la législation courante (droit de l'environnement, code de l'aviation civile, code de l'urbanisme…) en raison des activités particulières qu'elles accueillent, et répondent alors à leurs règlements intérieurs et aux autorités militaires et/ou maritimes. Les aérodromes militaires peuvent par exemple bénéficier d'adaptations des modalités d’élaboration des plans d’exposition au bruit.
Tout comme leur actualité, leur histoire illustre richement celle de la politique militaire et de l'armée française.
La base aérienne est définie comme une formation administrative relevant de l'Armée de l'Air, regroupant des unités relevant soit des commandements organiques et opérationnels, soit de l'administration centrale, ainsi que les moyens qui leur sont associés.
La base aérienne est soutenue par une base de défense depuis la création de ces dernières entre 2009 et 2011.
Elle dispose d'une organisation standardisée, comportant, depuis le 1er septembre 2015 :
En 1934, la numérotation des bases suivait les règles suivantes, restées inchangées depuis :
Bases aériennes en Métropole
La réduction de format de l'Armée de l'Air est constante depuis la fin de la Guerre froide. Celle-ci se traduit par l'enchaînement des fermetures de bases aériennes. En continuité, depuis le 1er janvier 2008, l'Armée de l'Air s'est engagée dans un processus de transformation appelé Air 2010, présenté comme destiné à améliorer ses capacités.
En pratique, il conduit à réduire les coûts en réduisant le dimensionnement et la capacité de l'arme aérienne française. Ainsi, ce processus a conduit à la fermeture de nombreuses bases aériennes (tendance constante depuis le milieu des années 1950) et, en particulier, à la fermeture des régions aériennes Nord (RAN) et Sud (RAS) qui avaient été créées le 30 juin 2000 pour assurer le soutien des bases aériennes implantées en métropole.
Histoire des bases aériennes
L'aviation naît en 1890, mais se développe par étapes. Le 9 octobre 1890 Clément Ader fait voler l'Éole. Le 17 décembre 1903, les frères Wright pilotent leur flyer. L' armée s'intéresse à ces nouveaux moyens, certains militaires devinant leur potentiel militaire, il faut trouver des terrains pour les essais. Puis, il convient de fixer des terrains d'aviation à vocation purement militaire, les camps d'aviation, qui deviendront les bases aériennes, en 1933.
L'histoire des installations immobilières de l'Armée de l'Air ne se confond pas avec celle de l'Armée de l'Air ni davantage encore, avec celle de ses unités, navigantes ou non.
Premiers terrains d'aviation militaire
Aux temps de l'aviation militaire naissante, celle-ci s'organise et éprouve ses premiers besoins d'infrastructures aériennes, notamment, de piste d'envol, d'équipement de navigation ou d'approche, de bâtiments techniques et des zones-vie nécessaires.
La Première Guerre mondiale tranche définitivement la question de l'utilité de l'avion et en révèle pratiquement tous les usages. Les premières bases aériennes se développent et s'étoffent grâce, en premier lieu, au besoin d'écoles d'aviation ou de pilotage, indispensables pour fournir des pilotes aux appareils produits à une cadence accélérée.
Le 12 octobre 1897, Clément Ader fait voler un avion au camp militaire de Satory, sur la commune de Versailles. Pourtant, tous ses vols sont, encore de nos jours, controversés.
Le 14 juillet 1908, l'officier Ferdinand Ferber organise la démonstration du vol d'un aéroplane à Issy-les-Moulineaux.
Le 9 juin 1910, un raid aérien militaire part du camp militaire de Châlons-sur-Marne, pour le fort de Vincennes.
La loi du 29 mars 1912 organise l'aviation militaire (plutôt l'aéronautique militaire).
Premières bases aériennes
Les premiers camps d'aviation présentent incontestablement une vocation de formation au pilotage. Puis, les terrains opérationnels formeront le maillage géographique permettant le déploiement des forces aériennes.
Ainsi, la future base aérienne 122 Chartres-Champhol prend la forme d'un camp d'aviation, dès 1909. Très vite, elle deviendra l'une des plus importantes écoles de formation au pilotage militaire.
En 1909 également, la future base aérienne 119 Pau voit l'installation, sur son emprise, de Wilbur Wright et de son appareil. Le ciel y est plus clément que sur le terrain initial, au Mans. L'école d'aviation militaire y sera active en 1912 et cette base aérienne fermera en 1972.
En mai 1910 est fondée la base aérienne d'Ambérieu-en-Bugey, qui deviendra, également, une école active de formation au pilotage élémentaire.
En 1911, tout juste avant le protectorat de 1912, des avions militaires français sont positionnés au Maroc (1911-1961).
Le 23 juillet 1912, le capitaine Georges Bellanger installe hommes et appareils fondant la future base aérienne 702 Avord. Passant le centenaire, encore opérationnelle, celle-ci détient sans doute le record de longévité des bases aériennes françaises.
Toujours en 1912, la future base aérienne 251 Étampes-Mondésir se met en place.
La base aérienne 102 Dijon-Longvic est installée en 1914.
En 1915, le camp de Parçay-Meslay s'organise près de Tours, et deviendra la base aérienne 705 Tours.
En 1916, des bases aériennes apparaissent en Tunisie (1916-1963).
En mai 1917, la future base aérienne 125 Istres-Le Tubé vient encore renforcer les écoles de pilotage ; en juillet 1917, la base aérienne de Marrakech est opérationnelle.
En 1919, les infrastructures aériennes militaires maillent l'Algérie. Le 36ème régiment d'aviation d’Afrique est composé de trois Groupes d'Aviation d'Afrique (GAA). Le 1er GAA (Escadrilles 546 et 547) est basé à Alger (Hussein-Dey, puis Maison-Blanche). Le 2ème GAA, depuis Oran-La Sénia, réunit les Escadrilles 543 et 548. Le 3ème GAA est basé au terrain d'aviation de Sétif, avec les Escadrilles 544 et 549.
En 1920, le mandat donné à la France par la Société des Nations entraîne l'implantation, au "Levant" (la Syrie et le Liban) de terrains d'aviation (1923-1946).
Thiès est la première base aérienne française déployée en Afrique-Occidentale française (AOF), dans les années 1920.
En février 1929, la base aérienne d'Ivato marque l'implantation de l'Armée de l'Air française à Madagascar (1929-1961).
Celle de Bangui est la plus ancienne de l'Afrique-Équatoriale française (AEF) en 1930.
C'est en 1933 que le réseau des bases aériennes s'étend à Djibouti, puis à Noceto (1935).
La première de ces implantations perdure après l'indépendance (1977).
Les bases aériennes de 1934 à 1945
Cette phase historique se caractérise par le déploiement autonome de l'Armée de l'Air et de ses bases, en coexistence avec l'aviation civile, puis par la préparation de la Seconde Guerre mondiale.
Le 1er avril 1933 est promulgué le décret de création de l'Armée de l'Air.
Le maillage territorial devient une priorité. Le décret du 21 octobre 1933 organise l'infrastructure de l'Armée de l'Air. Les unités sont jusqu'alors organisées en régiments issus de l'organisation de l'Armée de Terre. Ces régiments ont alors la gestion des unités d'aviation, comme des infrastructures. Cette organisation n'est pas considéré comme adaptée aux missions confiées à l'Armée de l'Air. Le ministre de l'Air, Pierre Cot fait alors expérimenter dans plusieurs régiments une nouvelle organisation où le commandement des éléments mobiles (escadres) est nettement séparé des éléments fixes (bases). Dans chaque régiment deux brigades sont créées : une regroupe les escadres, l'autre la base proprement dite avec un centre d'instruction, un bataillon de dépôt et un parc.
L'expérimentation donne de bons résultats et le ministre étend donc cette nouvelle organisation à toute l'Armée de l'Air par décret du . Les bases, rattachées à la région aérienne, ont alors la charge de fournir aux escadres : les services généraux, l'instruction, le ravitaillement l'administration et la mobilisation. En ce sens, l'organisation des l'Armée de l’Air s'est éloignée du modèle de l'Armée de Terre pour se rapprocher de celle de la Marine, les bases sont alors les "ports" de l'aviation militaire.
La loi du 2 juillet 1934 en fixe l'organisation et la répartition territoriale. En 1935, neuf bases aériennes sont considérées comme les principales de cette nouvelle arme : celles de Chartres, Metz, Nancy, Le Bourget, Reims, Pau, Tours, Châteauroux et Lyon. En 1939, la France compte cinq bases en Indochine (départ en 1956).
En 1934, la France totalise 51 bases aériennes. En 1939, celles-ci sont au nombre de 77, parmi 226 terrains d'aviation, dont 41 sont effectivement ouvertes à l'activité aérienne.
En outre 220 terrains secondaires étaient prêts.
La Luftwaffe développe et renforce le réseau des bases aériennes du territoire français, durant l'Occupation.
En 1943, l'AEF dispose de son propre état-major sur la base aérienne de Brazzaville.
Les bases aériennes de 1945 à 1989
Cette période est marquée par l'orientation des moyens militaires, en général, vers la gestion de la tension entre le "bloc de l'Ouest", dit libéral, et celui de l'Est, dit communiste.
Les infrastructures de l'Armée de l'Air s'adaptent aux objectifs qui en découlent.
La généralisation des avions à réaction, du moins pour ceux destinés à la chasse, nécessite des surfaces aéroportuaires plus vastes et d'importants moyens matériels pour la maintenance et la mise en œuvre d'appareils de plus en plus sophistiqués et, surtout, plus éloignées des centres-villes. L'accroissement des coûts d'achat et d'exploitation réduit considérablement le parc d'aéronefs.
L'arrêté ministériel du 7 décembre 1944 fixe les attributions et l'organisation de la direction des installations et travaux de l'air. En 1945, le dispositif d'Afrique-Occidentale française est recentré sur la base aérienne de Dakar au Sénégal, avec celles d'Atar, de Bamako, de Gao et de Thiès, la plus ancienne.
Les décrets du 21 février 1951 réorganisent la gestion des installations immobilières de l'air, dans le contexte de la Guerre froide. Les années 1950 marquent aussi la construction des bases aériennes de l'OTAN. L' United States Air Forces en Europe utilise sept terrains français, comme la base aérienne 105 Évreux-Fauville ou la base aérienne de Chaumont-Semoutiers, pour ne prendre que deux exemples. Opérationnelles en 1952, ces bases seront rétrocédées aux autorités françaises en 1967.
Les ouvrages de la Ligne Maginot sont parfois utilisés pour inspirer de nouvelles bases aériennes, comme pour la base aérienne 901 Drachenbronn, par exemple, achevée en 1957 et dotée d'un centre de détection et de contrôle aérien.
D'autres bases outre-mer s'activent : la Base aérienne 185 Hao, ou encore, la Base aérienne 191 Saint-Denis de la Réunion en 1969.
Les bases aériennes depuis 1989
Le 9 novembre 1989, la chute du mur de Berlin ouvre un changement géostratégique.
Les bases aériennes font l'objet de plusieurs adaptations, réduisant considérablement leur dispositif sur le territoire national, pour l'étoffer hors des frontières françaises, dans des zones de conflits armés actifs. Le repli du territoire national se matérialise par une politique constante de dissolution de bases aériennes. Depuis 2010, le rythme est proche de quatre dissolutions par an. Entre 2008 et 2014, l’Armée de l’Air a fermé douze bases aériennes.
Durant la présence des forces françaises en Afghanistan, en septembre 2007, l'Armée de l'Air s'installe à Kandahar en Afghanistan et est présente sur l'aéroport de Kaboul. Elle dispose de moyens sur la base aérienne américaine de Bagram. L'Armée de l'Air utilise des installations sur la base aérienne 104 Al Dhafra aux Émirats arabes unis qui est la première base aérienne française ouverte à l’étranger au XXIe siècle.
Depuis 2014, la Base aérienne 101 Niamey connaît une activité intense.
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Voir Bases dissoutes
Voir Bases projetées