L'Équipe de Voltige de l'Armée de l'Air (EVAA) est une unité de l'Armée de l'Air française créée en 1968. Sa mission est de représenter le savoir-faire de l'Armée de l'Air lors des meetings aériens et des compétitions internationales. Elle fait partie des ambassadeurs de l'Armée de l'Air au même titre que la Patrouille de France et le Rafale Solo Display.
Historique
Alors qu'avant guerre les voltigeurs tels Michel Détroyat ou Marcel Doret déplaçaient les foules lors des meetings aériens, après la guerre, la voltige aérienne semble ne plus intéresser et il faut attendre quelques années avant que des concours se mettent en place. Ainsi les premiers championnats de France sont organisés à Saint-Yan en 1954 puis les premiers championnats du monde à Bratislava en 1960. Entre 1962 et 1964, l'ALAT (Aviation Légère de l'Armée de Terre) monte son équipe de voltige pour participer aux compétitions individuelles et en patrouille, l'Armée de l'Air apparaît comme la grande absente.
Afin de combler cette lacune, en 1967, le général Maurin, chef d'état-major de l'Armée de l'Air et Pierre Messmer, Ministre des Armées, décident de créer l'Équipe de Voltige Aérienne avec pour mission de représenter la France et l'Armée de l'Air lors des manifestations aériennes et compétitions internationales. La décision est entérinée par l'instruction ministérielle datée du et celle-ci voit effectivement le jour le sur la base de Salon-de-Provence. Elle rejoint ainsi la Patrouille de France pour constituer les Équipes de Présentations de l'Armée de l'Air (EPAA).
Les trois premiers pilotes, le capitaine Robert Baudoin, l'adjudant Daniel Héligoin et le sergent-chef Jacques Lejouan, volent alors sur des Stampe SV4 empruntés au Service de la formation aéronautique. La première représentation publique a lieu sur la base aérienne de Salon-de-Provence le . En juin, le sergent Lejouan remporte une première victoire pour l'EVA. Mais, début 1969, les problèmes techniques s'accumulent sur les Stampe qui sont par ailleurs dépassés dans le domaine de la voltige. Le , Jean-Claude Champion décède dans l'accident de son Stampe. L'EVA se fait alors prêter pendant quelques mois des Nord 3202 puis des Zlín Z-526. Entre-temps la construction de nouveaux avions de voltige est entreprise pour permettre à l'EVAA de disposer de ses propres appareils à partir de 1970 : des biplaces Cap 10 pour l'entraînement et la démonstration et des monoplaces Cap 20 pour la compétition. Les Cap 20 sont alors peints en jaune avec un damier noir sur la queue tandis que les Cap 10 sont blancs avec un damier noir.
Le , Robert Dousson meurt aux commandes d'un Cap 20 après perte d'une partie du bord d'attaque à la suite d'une figure effectuée sous trop fort facteur de charge.
En 1976, les avions reçoivent un nouvel habillage tricolore (bleu, blanc et rouge).
Le lieutenant Feltès et l'adjudant Sbihi sont sacrés Champion de France de voltige respectivement en 1977 et 1978. En 1979, l'Équipe de Voltige Aérienne change de nom et devient l'Équipe de Voltige de l'Armée de l'Air (EVAA). De 1982 à 1988, les championnats de France sont remportés chaque année par un pilote de l'EVAA. Cependant, le Cap 20 est trop lourd et ne permet pas de remporter de compétitions internationales, aussi dès 1984, l'étude d'un nouvel avion plus compétitif est lancée ; le Cap 230 entre en service en 1986. Il permet à l'EVAA de participer aux Championnats du monde en 1986 et aux Championnats d'Europe en 1987. Le le lieutenant Éric Kopinski et le sergent Guy Écobichon décèdent dans l'accident du Cap 10B n°137 à La Charité-sur-Loire. Enfin aux Championnats du monde de 1988, il permet aux pilotes de remporter deux médailles d'or et trois de bronze. En 1989, le sergent-chef Sylvie Breton est la première femme à devenir pilote de l'EVAA, elle devient championne de France l'année suivante.
En 1990, une version améliorée, le Cap 231 est prise en compte par l'EVAA. Dès cette année-là, le Cap 231 permet à l'EVAA de briller aux Championnats du monde à Yverdon en Suisse : Claude Bessière est sacré Champion du monde élite avec le Cap 231 n°02, en tout les trois pilotes Jean-Paul Mondière, Claude Bessière, Patrick Paris ramènent 9 médailles.
En 1998, les pilotes de l'Équipe de Voltige de l'Armée de l'Air participent à une étude menée par l'Institut de Médecine Aérospatiale du Service de Santé des Armées (IMASSA) visant à déterminer les effets de la voltige sur la consommation en oxygène et le contrôle du rythme cardiaque du pilote.
Après les avoir attendus depuis 1995, l'EVAA réceptionne deux Cap 232 en septembre et Avec leurs ailes en fibre de carbone, leur donnant un roulis phénoménal, ils redonnent toutes leurs chances aux pilotes lors des compétitions internationales.
Entre 2002 et 2005, l'EVAA remporte de nombreux titres et succès en compétitions : championne de France biplace en 2002, championne de France monoplace en 2004, plusieurs fois médaillée par équipe dans les épreuves internationales. Le , l'accident mortel du capitaine Jean-Michel Delorme, à Saint-Yan, à cause d'une défaillance structurelle, entraîne la fin des vols sur Cap 232. Les pilotes de l'équipe testent et évaluent différents appareils : Soukhoï Su-26, Soukhoï Su-29 et Su-31, Cap 222, Extra 300, Xtreme 3000...
Après tout ces essais, en , c'est finalement les Extra 330SC et 330LC qui sont retenus. En 2009, Renaud Ecalle devient champion du monde élite à Silverstone avec l'Extra 330SC, tandis qu'avec le capitaine Le Vot (3ème) et le capitaine Varloteaux (5ème), ils remportent la médaille d'or par équipe. L'année suivante Renaud Ecalle se classe premier au championnat d'Europe à Toužim en République tchèque.
En 2012, François Le Vot se classe 2ème aux championnats d'Europe à Castres et remporte la médaille d'or par équipe. L'année suivante, il remporte les Championnats du monde Élite en individuelle et par équipe tandis que François Rallet termine 1er du programme "Inconnu". Aux Championnats d'Europe Élite en Hongrie, en 2014, l'EVAA remporte la médaille d'or par équipe. En 2015, Alexandre Orlowski remporte les Championnats du monde en individuel et par équipe à Châteauroux-Déols, il renouvelle la performance aux Championnats d'Europe en 2018. L'année suivante, il se classe second et remporte la médaille d'or par équipe aux Championnats du monde à Châteauroux.
La Patrouille de France (PAF pour Patrouille Acrobatique de France) est la patrouille acrobatique officielle de l'Armée de l'Air et de l'Espace française créée en 1953. Avec les autres ambassadeurs de l'Armée de l'Air et de l'Espace, sa mission est de représenter cette armée, et d'être l'ambassadrice de l'aéronautique française à l'étranger.
Stationnée sur la Base Aérienne 701 de Salon-de-Provence, elle est considérée comme l'une des meilleures formations acrobatiques au monde, au même titre que les Red Arrows de la Royal Air Force britannique, les Blue Angels de l'aéronavale américaine, les Frecce Tricolori de l'armée de l'air italienne ou les Chevaliers russes.
Composée de 9 pilotes et d'une quarantaine de mécaniciens, elle partage son emploi du temps entre la saison hivernale (entraînement), et la saison estivale (manifestations aériennes).
Elle ouvre traditionnellement le défilé du 14 Juillet à Paris, à neuf Dassault Alpha Jet. Elle évolue habituellement à huit appareils pour présenter une démonstration d'une vingtaine de minutes alternant changements de formations et croisements impressionnants. Ces démonstrations sont commentées par le directeur des équipes de présentation de l'Armée de l'Air, pilote de chasse également, ainsi que par l'officier des relations publiques. Chaque vol est filmé à partir du point central par l'un des deux spécialistes photo/vidéo, où se trouve également un pilote (souvent le pilote remplaçant) chargé notamment d'assurer l'interface entre la patrouille et le contrôle, et garantir ainsi la sécurité des vols.
Historique
C'est en 1931, que la première démonstration aérienne en patrouille en France a lieu sur le terrain d'Étampes-Mondésir. Elle est effectuée par des moniteurs de l'École de perfectionnement au pilotage sur Morane-Saulnier MS.230. La formation est alors composée de 3 appareils. Entre 1932 et 1939, sous le commandement du Capitaine Pierre Fleurquin, la "Patrouille d'Étampes" reçoit un succès encourageant et passe à la postérité. La patrouille est choisie pour représenter la France lors de meetings internationaux.
Les avions, parfois jusqu'à 18, volaient attachés entre eux avec des cordes.
En 1935, la "Patrouille d'Étampes" est convertie sur MS.225 et se développe pour passer à cinq appareils (1936). En 1937, elle rejoint Salon-de-Provence, prenant l'appellation de "Patrouille de l'École de l'air". La Seconde Guerre mondiale interrompt ces différentes activités.
En 1947, le Ministère de l'Air crée une Escadrille de présentation de l'Armée de l'Air. Elle est dirigée par le capitaine Perrier, ancien pilote de la Patrouille d'Étampes et équipée de douze Stampe SV-4. Devant le succès croissant des représentations, diverses formations voient le jour au sein de l'Armée de l'Air. En 1952, le commandant Pierre Delachenal, pilote de la 3ème Escadre de Chasse stationnée sur la Base Aérienne 112 Reims-Champagne, forme une escadrille de quatre Republic F-84 G. Lors d'un meeting aérien le 17 mai 1953 sur le terrain de Maison-Blanche en Algérie, le commentateur du show de l'escadrille, le pilote et journaliste Jacques Nœtinger, emballé par le spectacle qu'il vient de voir, la baptise "Patrouille de France". L'état-major de l'Armée de l'Air entérine cette appellation le 14 septembre 1953.
Durant les dix années suivantes, quatre escadres de l'Armée de l'Air (la 12ème Escadre de la Base Aérienne 103 Cambrai-Épinoy, la 4ème Escadre de la Base Aérienne 136 Bremgarten ; la 2ème Escadre de la Base Aérienne 102 Dijon-Longvic et la 4ème Escadre de la Base Aérienne 133 Nancy-Ochey) perpétuent tour à tour les traditions de la Patrouille de France et contribuent à son succès international. Pourtant, en 1964, à la suite de restrictions budgétaires, la patrouille de Mystère IV est dissoute. Soucieux de ne pas voir disparaître le nom de Patrouille de France, le ministère des Armées décide cependant quelques mois plus tard de consacrer la Patrouille de l'École de l'Air. Les six Fouga Magister de la base de Salon-de-Provence vont devenir le flambeau de la voltige aérienne française pendant seize ans.
La dernière représentation des Fouga Magister, dont le nombre était passé à neuf, se tient le 16 septembre 1980 à Salon-de-Provence. L'Alpha Jet devient alors le fer de lance de la Patrouille de France en 1981 avec sept appareils, puis huit à partir de 1982.
Un défilé historique a lieu en 1986 au-dessus de la ville de New York.
Le 25 novembre 2009 pour la première fois au monde, une patrouille acrobatique est commandée par une femme puisque c'est à cette date que le commandant de l'Armée de l'Air Virginie Guyot devient leader de la Patrouille de France.
Du 17 mars au 6 mai 2017, la Patrouille de France effectue une tournée nord-américaine pour la commémoration de l'entrée en guerre des États-Unis aux côtés de la France en 1917 (tournée US). Elle survole plusieurs grandes villes tant sur la Côte Est (New-York, Norfolk…) que sur la Côte Ouest (San Francisco, Sacramento…) et participe à différents meetings.
La tournée permet également à la patrouille de voler en formation avec les Blue Angels à Pensacola et les Thunderbirds à Nellis.
En novembre 2018, la Patrouille de France, sous l'impulsion de son leader, le lieutenant-colonel Gauthier Dewas, tente de moderniser la livrée de la dérive des avions âgés de 40 ans, inchangée depuis l'arrivée de l'Alpha Jet au sein de la formation en 1981 ; le nouveau design est réalisé par Régis Rocca.
Naissance du patronyme
De toutes ces patrouilles, c’est la 3ème Escadre du commandant Delachenal qui aura l’honneur d’être baptisée du nom de "Patrouille de France". Ce patronyme est attribué à Jacques Noetinger, commentateur du meeting d’Alger le 17 mai 1953, lequel clama devant le public "Mesdames, messieurs, la Patrouille de France vous salue !". Le 14 septembre de la même année, l’état-major décida de garder le nom.
La Patrouille de France est confiée successivement à la 2ème Escadre de Chasse de Dijon sur Ouragan, premier avion de chasse français en 1954, puis à la 12ème Escadre de Chasse de Cambrai en 1955 et 1956 sur Ouragan et Mystère IVA, à la 4ème Escadre de Chasse de Bremgarten (Allemagne) en 1956 sur Ouragan, à la 2ème Escadre de Chasse de Dijon de 1957 à 1961 sur Mystère IVA et, enfin, à la 7ème Escadre de Chasse de Nancy en 1962 et 1963, toujours sur Mystère IVA.
Les premiers meetings de la Patrouille de France commencent à l’étranger en 1956.
En 1957, les mécaniciens de cette patrouille procèdent à l’installation du premier pod fumigène. Les pilotes s’exerceront ainsi à des lâchers de fumigènes de couleur rouge, puis de couleur tricolore dès 1958.
Il faut rendre hommage à ces pionniers de la voltige aérienne qui ont perpétué les traditions de la Patrouille de France. Ils se sont entraînés à voler en patrouille au sein de leurs escadres respectives afin de répondre à la mission de représentation qui leur incombait, souvent en dehors de leurs heures de travail. Le fruit de leur entraînement a favorisé la connaissance de l’aéronautique française en France et à l’étranger.